En créant sous cette rubrique forge une sorte de cours de ferronnerie, nous avons eu surtout pour but de donner à nos lecteurs des indications très nettes et très précises sur les cas d'exécution les plus difficiles que l'on puisse rencontrer dans notre industrie. Quelques travaux, à première vue, présentent des difficultés qu'on ne saurait vaincre, semble-t-il, qu'après de longs et pénibles essais. Par les différentes études que nous avons faites, nos lecteurs ont pu facilement se convaincre que toute œuvre, quelque compliquée qu'elle soit, peut toujours être reconstituée quand on établit un plan raisonné et méthodique
de travail. Il faut, comme nous l'avons dit, et nous le répétons, que tout ferronnier ait déjà une grande pratique de notre métier et ne soit pas arrête par des questions de main-d'œuvre pour exécuter certains ouvrages où se trouvent des parties délicates à traiter, autour desquelles rayonnent toutes les autres et desquelles dépend la réussite du travail entrepris. On doit surtout, pour acquérir une.grande habileté, éviter cette tendance de quelques-uns de nos ouvriers à tourner les difficultés par des artifices peu dignes d'un véritable ferronnier; artifices qui sont presque toujours découverts et nuisent à l'effet artistique
du travail. La partie qui n'est pas traitée exactement comme elle doit l'être, c'est-à-dire selon tous les principes de la forge, forme une tache facile à découvrir et qui déprécie l'œuvre, bien quelle puisse présenter de brillantes qualités.
Tout ferronnier, digne de ce nom, ne doit reculer devant aucune difficulté, car il pourrait prendre, l'habitude fâcheuse, en se dérobant systématiquement devant chaque obstacle, de ne plus traiter que des sujets trop simples, ce qui le condamnerait à ne pas progresser et à rester dans une médiocrité certaine. C'est en se raidissant avec une ferme volonté et même de, l'entêtement devant lés difficultés d'une exécution un peu âpre et ardue, que le talent se forment que l'invention, entrant peu à peu dans l'esprit,
devient bientôt une ressource facile et une puissance prête à enlever toutes les situations quelque compliquées qu'elles puissent être. L'œuvre qui laisse au ferronnier des points incertains et délicats à traiter est une œuvre à laquelle celui-ci doit s'attacher avec le plus d'acharnement pour pénétrer tous les plis de sa structure. C'est en se familiarisant avec les difficultés qu'un artiste peut développer ses qualités inventives.
L'objet de notre étude d'aujourd'hui sera une pièce de ferronnerie faisant partie de la collection du Musée des Arts décoratifs. Nous donnons les moyens de reproduire ce motif avec d'autant plus de plaisir qu'il sera loisible à ceux qui l'auront exécuté d'en faire la comparaison avec l'original.
La décoration de cette pièce est empruntée tout entière à la nature; une feuille de chêne stylisée forme toute l'ornementation à la fois simple et pleine de charme. Cet exemple prouve combien les études où la fleur est prise comme point de départ du décor se prêtent facilement à une composition très pure de lignes et, de plus, complètement artistique.
Pour tout œil exercé, la difficulté d'exécution de cette pièce de ferronnerie réside dans le moyen à trouver pour faire passer les différentes branches du rinceau les unes dans les autres. Mais avant d'entrer dans ces détails, nous donnerons les moyens d'exécution et d'assemblage des feuilles qui occupent le centre delà composition.
Les figures 2 et 3 montrent comment sont assemblées les feuilles, préalablement forgées séparément, tout en ayant soin de laisser une côte dans le sens de la longueur et dans la partie médiane, pour leur donner du corps et faciliter le travail des courbes. Réunies par une forte soudure, ces trois feuilles, qui forment l'ensemble de la figure 4, sont destinées à occuper le centre de la composition autour duquel les autres parties doivent se réunir.
La figure 5 donne en même temps le détail d'exécution de chacune des branches secondaires et la manière de les assembler à la partie centrale. Après la chaude qui réunit ces diverses pièces, on soude autour des tiges et juste à leur point de jonction une petite bague qui termine harmonieusement cette première partie de la composition. On a soin de laisser une certaine longueur à la tige sur laquelle prend naissance le petit gland, comme l'indique la figure 6.
Nous avons, enfin, à la figure 7, une vue d'ensemble avec le dernier ornement qui vient terminer le motif central de la composition et la longue tige dont le développement circulaire doit former le cadre au milieu duquel s'étale le bouquet.
Le dernier détail d'exécution, qui présente un travail un peu compliqué, est le passage du rinceau dans la tige qui forme le cercle. Cette tige est percée et renflée; puis, à l'endroit où le rinceau doit traverser le fer, elle est séparée en deux branches, comme le montre la figure 8. Cette opération une fois terminée, on referme la tige dont on soude les deux branches aussi près que possible du trou, puis on la prolonge jusqu'à la partie inférieure du motif où elle est traversée une seconde fois. Un troisième trou doit être pratiqué, suivant le même procédé, à gauche de la composition, pour laisser passer le petit feuillage qui complète cette pièce de ferronnerie d'une façon aussi heureuse et lui donne une allure aussi dégagée.
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